Il fut un temps où Nokia, le premier fabricant au monde de téléphones portables, était vu par son marché comme le premier sur ce secteur à la fois en termes d’appareils vendus, mais aussi en termes d’innovation. On se souvient par exemple que début 2000, Nokia était le premier à intégrer la fonction appareil photo au téléphone mobile. L’entreprise a d’ailleurs veillé à conserver l’avance matérielle sur cet item en incluant une optique Carl Zeiss sur ses téléphones haut de gamme. Côté logiciels de traitement photo, c’est une autre histoire, dont nous parlerons plus tard.
Si Nokia reste toujours le premier vendeur de téléphones, sa position en tant que premier innovateur de son marché a été mise à mal par le succès de la plateforme iPhone, et aujourd’hui celle d’Androïd.
Le lancement puis le succès de l’iPhone ont marqué le passage d’un environnement où le téléphone était essentiellement défini par son design et ses composants matériels (qualité de la capture photo, de la lecture audio), à un environnement où les applications sont devenues fondamentales. Sur ce point, vous pouvez lire sur le site Techcrunch les propos d’analystes.
L’irruption d’Apple sur le marché de la téléphonie a finalisé la fusion des métiers de l’informatique et des télécoms, un processus commencé il y a plusieurs années.
L’effet de l’iPhone sur le business des smartphones Nokia est un peu comparable à ce que la fusion des PDA et du téléphone mobile a produit sur le business de Palm (le pionnier dans les agendas électroniques): un processus de déclassement aux yeux du marché et des leaders d’opinion. Il faut se souvenir que jusqu’au rachat par HP, Palm ne s’est jamais vraiment remis de ce processus; mais le marché des tablettes lui offre une nouvelle opportunité.
La téléphonie mobile est-elle devenue d’abord un business d’éditeurs de logiciels? En l’espace d’une semaine, Nokia a annoncé le départ du Directeur de sa division smartphones, ainsi que celui de son PDG, remplacé par un « routier averti » de l’informatique, en provenance de chez le premier éditeur mondial de logiciels, Microsoft. Soit dit en passant, vu l’identité des 2 forces les plus disruptives, on se serait plutôt attendu que le nouveau PDG vienne des rangs de Google ou d’Apple…
Cela dit, le choix par Nokia d’un PDG issu de l’informatique confirme la nécessité de renforcer la culture maison dans le domaine logiciel. Les difficultés sur ce plan ont particulièrement été visibles lors du lancement contrarié d’OVI, l’équivalent de l’Appstore d’Apple.