Certes des accès payants des grands titres de la presse magazine et quotidienne existent sur Internet depuis la fin des années 90. Mais à part la consultation des archives, la plupart des journaux avaient fini par se résigner à accorder un large accès gratuit à leurs articles… au nom de l’audience. Un titre phare comme Les Echos, un des rares à avoir tenu bon sur l’accès réservé aux abonnés et le paiement à l’acte sur ses articles, est revenu sur sa ligne en ouvrant plus largement l’accès à son contenu en 2008.
Depuis un an, et suite à la chute des revenus publicitaires, les éditeurs de presse ont été forcés de trouver d’autres sources de revenus pour équilibrer leurs comptes. Deux pistes sont alors apparues:
- Faire payer les lecteurs (comme pour la presse papier)
- Mieux faire contribuer les agrégateurs de news comme Google News, Yahoo News ou Bing, dont une partie significative de l’audience provient de l’agrégation d’actualités
Depuis fin 2008, de plus en plus de voix se sont élevées parmi les éditeurs pour souligner qu’il n’y avait point de salut hors la contribution monétaire des lecteurs. Une des premières voix a été celle de Frédéric Filloux, co-auteur du blog Monday Note (et ancien directeur des éditions électroniques de Libération), qui a montré dans ses billets comment la valeur des inventaires publicitaires Web des journaux avait fondu, et pourquoi le payant devait faire un retour en force.
Plus récemment, Rupert Murdoch, fondateur de News Corp, le plus grand éditeur mondial, a laissé entendre que la consultation de tous ses titres sur Internet va devenir payante. Il a fait pression sur Google News, un des agrégateurs les plus puissants, en menaçant de réserver le contenu de ses journaux à Microsoft, son grand concurrent. D’autres éditeurs lui ont emboîté le pas sur la revendication d’un partage plus équitable des revenus avec les agrégateurs d’actualités. Rupert Murdoch semble avoir ainsi convaincu d’autres acteurs de le rejoindre dans son combat. Le groupe Axel Springer, le premier éditeur européen, vient de confirmer au Wall Street Journal, un des titres phares de News Corp, la nécessité de rendre payante la presse sur Internet.
Il semble que les éditeurs aient été entendu. Google vient de leur proposer des outils pour mieux gérer quels articles peuvent être référencés et à quelle fréquence ils peuvent d’être affichés par les internautes.
Une fois la position payante arrêtée, 2 questions se posent:
- Comment faire payer techniquement?, car les sommes concernées par le paiement d’un article sont généralement minuscules
- Quelle expérience utilisateur pour conforter la lecture payante?
Le succès de l’Apps Store, la boutique en ligne d’Apple, qui a installé de manière convaincante le concept d’application mobile payante (l’équivalent moderne du minitel 🙂 — la tarification à la durée en moins), semble avoir apporté une réponse aux 2 questions. Après Le Parisien et Le monde, et dans la foulée de sa nouvelle formule très convaincante, Libération a ainsi lancé récemment une application iPhone, qui a eu un certain succès dans la blogosphère et les milieux technophiles.
Malgré son très grand succès, le problème de l’AppStore est qu’il est limité à la seule plateforme d’Apple. Qu’en est-il de la lecture depuis les autres smartphones?
La nouvelle Application Shop d’Orange, destinée à héberger des applications pour toutes les autres plateformes de smartphones, est peut-être la réponse.
Il semble ainsi que les smartphone (le téléphone mobile en fait) soient devenus la plateforme de choix permettant aux éditeurs de maîtriser tous les aspects de la monétisation de leurs articles sur Internet, en rajeunissant leur audience au passage. Voir cet article du Monde sur le sujet.